Macrovision



La protection Macrovision :

Le marché de la vidéo domestique est en pleine expansion, pour s'en rendre compte il suffit de regarder les chiffres de ventes des platines DVD lors des dernières fêtes de Noël : 1,6 millions de platines DVD ont été commercialisés soit presque autant que de magnétoscopes sur la même période. Cet engouement pour le DVD s'explique par la qualité du support qui permet de retranscrire une image d'une résolution et d'une netteté à faire pâlir n'importe quel magnétoscope haut de gamme, mais aussi pour sa capacité à retranscrire un son " cinéma " pour peu que l'on soit équipé de l'amplificateur adéquat. Ce support est depuis maintenant quatre ans désigné comme le support vidéo de l'avenir et de nombreuses compagnies de l'électronique domestique ont investit des sommes énormes afin de proposer un support fiable, techniquement à la pointe et surtout réputé inviolable.

Lors de l'élaboration du support trois normes de protection ont été mises en place afin de protéger les droits des éditeurs de contenu vidéo :

Le CSS (Content Scrambling System) : Il s'agit d'une protection numérique qui empêche la copie directe (sur un support informatique comme un disque dur par exemple) des fichiers contenus dans un DVD-Vidéo (les fichiers au format VOB). Ces fichiers sont en effet cryptés sur le support et sont décryptés par le lecteur avant d'être décodé par le décodeur MPEG-2 (norme vidéo du DVD). Ce système de cryptage a déjà montré ses limites car de nombreux petits programmes qui permettent le décryptage des données contenus sur un DVD sont aisément dénichable sur Internet et permettent notamment la compression au format Divx qui fait tenir un film de deux heures sur un simple CD-R avec une qualité proche de celle du DVD.

Le CGMS (Copy Generation Management System) : Lors de la transmission du signal des informations sont transmises afin de savoir si son contenu peut être dupliqué. Aucun appareil n'est actuellement en mesure d'interpréter ce signal, cependant il existe déjà deux normes, le CGMS/A pour les signaux analogiques (via péritel, RCA ou S-Vidéo) et le CGMS/D pour les signaux numériques (via IEEE 1394 / FIREWIRE) qui ne sont pour l'instant pas exploités (aucune platine DVD n'est équipée de ce type de sortie vidéo). Lorsque des appareils capables d'interpréter ces signaux seront mis sur le marché ceux-ci refuseront la duplication de l'information contenue dans le signal.

La Macrovision : La protection Macrovision (du nom de la société qui en détient les brevets) existait déjà lors de la mise en place des spécifications du DVD-Vidéo. En effet celle-ci avait déjà fait ses preuves pour les cassettes VHS disponibles dans les vidéo-clubs afin d'empêcher la duplication de films qui n'étaient souvent pas encore disponibles à la vente. La protection Macrovision agit sur les signaux analogiques en les perturbant rendant ainsi la visualisation de la copie impossible. La version de la protection utilisée pour le support DVD est la Macrovison 7.0. C'est cette dernière protection qui va nous intéresser dans cet article.

Chacune de ces trois protections peut être activée par l'éditeur qui paie alors des royalties (notamment pour la protection Macrovision) afin d'avoir le droit de protéger le contenu de ses DVD contre la copie. La quasi totalité des DVD-Vidéo disponibles à la vente et à la location sont protégés par la Macrovision et porte à leur dos le logo suivant :

Plusieurs problèmes se posent alors pour le consommateur. En effet le détenteur d'un produit audiovisuel (CD-Rom, CD-Audio, DVD-Vidéo) est en droit de dupliquer son exemplaire afin d'en faire une copie de sauvegarde en cas de détérioration du support. Un autre problème de taille, due à la Macrovision, se pose pour les consommateurs ayant investi dans du matériel haut de gamme de type Vidéo projecteurs LCD ou Tri-tubes intégrant un doubleur de ligne : la Macrovision perturbant le signal acheminé au diffuseur vidéo perturbe indirectement l'image délivrée par des produits qui coûtent parfois aussi cher qu'une voiture neuve. Dur lorsqu'on a investi une somme aussi importante afin de profiter pleinement des joies du Home-Cinema...

Il existe cependant des moyens de contourner cette protection afin de profiter pleinement de son matériel. De nombreux magasins proposant la vente de lecteurs dézonnés proposent aussi la " démacro ". La protection est ainsi annihilée par l'ajout d'une puce dans le lecteur. Bien évidemment l'ajout d'une telle puce annihile non seulement la protection mais aussi la garantie du constructeur du lecteur modifié. Il existe alors une dernière solution qui consiste à acheter ou alors à fabriquer soit même un boîtier de stabilisation vidéo. Exemple de puce permettant de désactiver la protection Macrovision (ici pour la Playstation 2) :

Pour comprendre le fonctionnement d'un tel boîtier (appelé stabilisateur d'image) il faut d'abord s'intéresser au fonctionnement de la protection mais aussi plus généralement à celui d'une télévision.

Le fonctionnement d'un téléviseur lambda est relativement simple. Pour qu'une séquence animée soit fluide il faut que le " frame rate " soit de 24 images par seconde. Pour la norme Pal (utilisée en Europe) il s'agit de 25 images par seconde et pour la norme NTSC (utilisée aux Etats-Unis et au Japon) il s'agit de 30 images par seconde. Une image est scindée en deux trames qui constituent une image il faut donc afficher 50 trames successives en PAL et 60 trames successives en NTSC pour retrouver nos 25 et 30 images par seconde. Les fréquences de balayage sont donc respectivement de 50 Hz et 60 Hz. Ce procédé est appelé vidéo entrelacée. Aujourd'hui de nouvelles techniques sont mises en place comme le balayage progressif qui affiche des images pleines afin d'éviter l'effet de scintillement inhérent à la vidéo entrelacée.

La Macrovision agit sur la synchronisation des trames et introduit des interférences dans le signal. L'image ainsi perturbée ressemble à ça:

La protection Macrovision agit directement sur le signal envoyé par le lecteur par le biais d'une liaison analogique à un magnétoscope comme à une télévision. La question qui vient alors à l'esprit est de se demander pourquoi la télévision réussit à restituer un signal propre (en apparence) alors que le magnétoscope est incapable de restituer ce même signal sur un support magnétique. En fait la télévision rencontre le même problème que le magnétoscope mais celle-ci interprète la perturbation du signal comme une gêne mineure qu'elle peut surmonter.

Les magnétoscopes sont eux équipés d'un dispositif appelé CAG pour Contrôle Automatique de Gain dont le fonctionnement est perturbé par les signaux ayant subis les interférences introduites par la Macrovision. Le magnétoscope est ainsi dupé par le signal pensant que celui-ci est alternativement trop sombre ou trop brillant. En réponse le CAG diminue le gain vidéo se qui se traduit par une image quasiment noire et inexploitable. Pour contourner ce problème le stabilisateur d'image substitue cette interférence, qui se trouve dans une partie non visible de l'image, par le niveau de noir de l'image.

Une autre interférence est cependant introduite et se caractérise par des impulsions de crêtes de blanc qui sont superposées au signal d'identification couleur. Celle-ci est là encore supprimée et remplacée par le niveau de noir de l'image. La perte du signal d'identification couleur n'a pas d'incidence sur l'image finale car celui-ci concerne des lignes qui ne sont pas visibles sur un téléviseur.



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